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Correspondance

20 février 2018

LE CLAIRON

"LE CLAIRON"

Une autre petite "histoire" vécue en Autriche sous l'occupation (1949).
A ma sortie de l'Ecole de S/Officier à Langenhargen (Allemagne) avec le grade de sergent si toutefois cela avait été suffisant, mais il en fut tout autrement, et le hasard m'a sauvé.
A la fin du stage,le Général de Lattre de Tassigny est venu en personne remettre les diplômes de Sous-Officier, mais n'étant pas sur la liste des heureux élus et pour cause, seul le grade de caporal-chef m'était réservé.
A cette occasion, 1'école avait organisé un chœur parmi les élèves dirigés par un Sergent-Chef. De temps à autre je remplaçais celui-ci pour quelques instants et de cette manière je me sentais très à mon aise pour diriger ce chant à 3 voix.
A 7h du matin nous étions déjà en formation sur cette immense aire de rassemblement. Notre illustre visiteur est arrivé près de 3h plus tard alors que le soleil ne nous faisait pas de cadeau. Dès son arrivée et après la présentation des armes il a voulu prendre la parole et au même moment sur une route dans le secteur, des voitures circulaient, il a envoyé, en vitesse en courant 2 officiers pour stopper cette circulation.
Une fois le plus grand calme revenu, il a fait un laius et après un morceau donné par la fanfare et la clique, ce fut à notre tour les choristes de faire entendre nos voix angéliques. Manque de pot, à peine tambours trompettes de la fanfare donnaient leurs dernières notes, notre pauvre chef de chœur tourne de l'œil. Le service médical pas loin se précipite pour l'emmener à l'infirmerie. Et tous les choristes de se tourner vers moi en me faisant signe de prendre sa place. Sous les yeux de tous et surtout du Général de Lattre et de tout 1'Etat-major, j'ai donné le ton, heureusement sans fausse note à l'ensemble du groupe et par bonheur le "JE T'AIME Ô MA PATRIE" à 3 voix mixte a été PARFAITEMENT EXECUTE et de me tourner vers le futur Maréchal de France. Celui-ci, en s'adressant à l'officier commandant le complimente sur le choix de ce chant que nous venions d'exécuter et d'ajouter à mon adresse que je méritais bien le grade de Sergent. N'étant absolument pas sur la liste, notre supérieur se crut obligé de me présenter au Général pour recevoir le diplôme qu'il n'avait pas en main, tout en s'excusant, mais qu'il me remettrait ultérieurement.
C'est ainsi que j'ai pu obtenir le grade de Sergent avec de mauvaises notes.
De retour dans ma compagnie, donc à Schruns (Autriche), en tant que chef de poste au P.C bataillon de Bludenz, avec quelques hommes sous mes ordres durant tout un weekend, donc du samedi midi au lundi matin, ne sachant que faire pendant des heures, dans la soirée du samedi j'ai décroché un clairon pendu dans un des bureaux et me suis mis à souffler dedans pour, enfin, réussir à exécuter la sonnerie aux morts.
Ce que je ne savais pas c'est que notre commandant habitait au 1er ou 2eme étage et au moment même où je soufflais dans ce fichu clairon la femme de notre patron était en train d'accoucher. Le lundi matin juste avant mon départ pour rejoindre Schruns, l'officier de service me demande qui a joué au clairon l'avant veille au soir, "moi-même" lui ai-je répondu et de me dire d'attendre le commandant lequel m'a infligé 8 jours d'arrêt pour le motif indiqué plus haut.
Bien des années plus tard j'ai appris que ce commandant rigide sur le règlement était vis à vis de mon frère Henri l'oncle de son gendre lequel est marié avec Marie Annick BROUTA (adorable petite femme). Ce couple vit à Guérande,donc c'est le frère du mari de Marie-Annick qui est né à Bludenz. Amen!

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17 février 2018

LE DEBARQUEMENT

"LE DEBARQUEMENT"


Elève interne dans un orphelinat (GIEL) au nord de Putanges, tenu par des Pères Don Bosco, j'avais une quinzaine d'années.
Cet établissement enseignait,'agriculture,l'horticulture et la petite mécanique.
Mon Père possédait à l'époque quelques arpents de terre dans le Nord de la France et, incapable de réussir sur le plan scolaire puisqu'à ce jour je n'ai même pas un diplôme de cet ordre et encore moins universitaire, donc parfaitement IDIOT pour réussir dans la vie et il avait totalement raison, aussi pour pallier cette carence monstrueuse face à mes frères et sœurs, il m'a cru ENFIN capable de faire carrière dans l'agriculture pour me dire avant de prendre le chemin de cette école religieuse, pour n'en avoir pas trouvé d'autre puisque mes notes de fin d'année étaient considérées comme PLUS QUE NULLES! et de ne pas m'accepter ailleurs. Arrivé dans cette institution aux règlements sévères, l'on m'a remis une tenue genre "FORÇAT", néanmoins, sans rayure que je devais endosser dimanches et jours de fêtes...
En temps normal, une tenue de travail pour effectuer tous les travaux incombant à un futur riche propriétaire terrien ce que j'aurais dû être, mais les circonstances en ont décidé autrement.
Tous les matins ou presque je devais traire les vaches fort nombreuses et grâce à elles, j'ai pu obtenir un diplôme comme étant l'un des meilleurs trayeurs de vaches laitières puisque possédant un doigté qui plaisait aux bovins,ayant pour résultat en quantité de lait, un des meilleur de l'école. Vous voyez que je ne suis pas si "BETE" que ça ! ! !
En dehors des heures de traites à raison de 2 fois par jour, avec des chevaux de trait, nous labourions, semions, etc. etc. En plus tous les matins nous avions 2 à 3 heures de cours en salle pour compléter nos connaissances, jusqu'au jour, où les troupes allemandes ont réquisitionné une partie de l'orphelinat et, ainsi, les dortoirs ont été transférés dans l'immense fenil au-dessus des étables de la ferme.
Nous, les élèves avions peu de contact avec l'armée occupante, bien que, parfois, nos instructeurs nous demandaient de nous mettre à la disposition de ces messieurs pour effectuer un transport avec nos chevaux et charrettes. Ainsi nous transportions à l'abri et sous couvert de bois touffus, non loin de leur P.C., des caisses d'armes et de munitions. Me voyant très coopératif pour être le plus familier avec eux (j'aurais été un parfait COLLABORATEUR). Aussi pour me récompenser pour avoir une telle attitude envers eux, quelque fois j'avais droit à un de leur pain noir avec un morceau de saucisson que je dévorais devant eux et qu'ils prenaient un certain plaisir à me voir si heureux en leur compagnie.
En arrivant, cette armée parfaitement disciplinée s'est empressée de peindre une immense croix rouge sur le toit de l'institution. Au fil des jours, nous ressentions une certaine tension de la part de cette troupe jusqu'au jour où, l'effectif visible avait diminué et plus de camions et autres véhicules militaires sur l'immense parking à l'exception de 2 ou 3 ambulances.
Au mois de juin et plus précisément le "6" j'étais parmi ceux qui trayaient les vaches très tôt le matin, dans les pâturages, puisque la traite durait environ 2 heures et nous débutions vers 5h30.
Chacun des élèves avaient un nombre et les mêmes vaches à traire et aussi fallait-il, alors qu'il faisait jour, chercher chacune d'elle et s'installer assis sur un petit siège en bois et, munis de 2 seaux j'ai commencé avec douceur d'appuyer sur les pis aux mamelles pleines à éclater pour, tout à COUP entendre AU LOIN un véritable tonnerre sourd mais sans interruption, alors qu'il n'y avait aucun nuage de près comme de loin au ciel. Aussitôt les vaches, tout comme nous d'ailleurs, étions dans l'inquiétude pour se poser bien des questions, à tel point que la quantité de lait a beaucoup diminué ce qui prouve que ces braves bêtes ont besoin d'une parfaite tranquillité en plus du doigté pour qu'elles donnent le meilleur d'elles-mêmes "LE LAIT".

Dès le début des bombardements incessants, donc le débarquement, les Allemands, peu nombreux et surtout des officiers ne nous ont pas quittés pour apprendre très vite que les armées alliés venaient nous libérer. Puis l'armée occupante a disparu pour nous permettre de reprendre possession des lieux entièrement.

Pour la petite anecdote : alors que nous dormions encore dans ce vaste grenier près de nos bêtes, une nuit alors que je dormais profondément après une journée, peut-être, de fatigue, je me réveille pour sentir tout contre moi comme la présence d'une bête qui ne se manifestait absolument pas. Il faisait encore sombre pour apercevoir quelques étoiles au-dessus de moi. Je m'essuie les yeux fortement pour encore mieux voir des étoiles. Je ne m'occupais plus de ce léger poids sur ma couverture et tout contre ma hanche droite. Je m'assois sur mon lit et porte la main sur cette chose inerte, UN MORCEAU DE TUILE DU TOIT. De mes yeux je perçe la semi obscurité pour m'apercevoir que mes voisins de lit n'étaient plus là. Je me lève tout en entendant plus fortement que d'habitude ce roulement incessant de tonnerre. J'étais tout seul dans ce grand fournil pour me poser mille et une questions. Je m'habille et je dégringole ce grand escalier en bois pour entendre des rires et en bas des escaliers m'entendre dire : "Qu'est-ce que tu foutais la haut!", et de répondre : "JE DORMAIS!". On a jamais su au juste ce qui s'était passé puisque tout le monde dormait, mais comme les combats rapprochaient, un éclat de bombe a du fracasser quelques tuiles. J'ajoute qu'en plus de ces bruits d'explosions sans interruption, des bombardiers nuit et jour passaient au-dessus de nous, ce qui multipliait le vacarme auquel nous nous sommes habitués et ne me rappelle pas avoir eu peur pas plus que les camarades, par inconscience certainement. Tout a repris normalement pour ne pas me rappeler avoir vu, ne serait-ce qu'un libérateur. N'étions-nous pas sous la protection de cette immense croix rouge sur le toit de notre orphelinat. Orphelin pour les autres mais pas pour moi et pour cause. Jusqu'au jour où un supérieur m'apprend la visite d'un de mes frères avec l'intention de me ramener à la maison.
Aucune voiture sur le grand parking et de suivre ce révérend pour apercevoir mon frère "JEAN" et après une embrassade, de me lancer prépare tes affaires, mais le minimum S.T.P. Sur les conseils du supérieur, le frangin a été invité à dormir cette nuit ici, pour partir le lendemain. J'apprends de sa bouche par la suite qu'un seul vélo serait notre moyen de transport et de me poser encore des questions pour devoir faire autant de route avec une seule bicyclette. Vous ne vous posez pas la question comment je peux vivre encore après une existence si mouvementées ???? Moi OUI! Le lendemain donc, revêtu de mon uniforme qui, tout de suite, me suis-je aperçu
ne plaisait pas à mon frère mais je n'avais rien d'autre à me mettre si ce n'est que de me foutre à poils.
La consigne était la suivante, dans les lignes droites sur la route ou, parfois, sur le bas-côté il y avait des chevaux demi-calcinés dégageant des odeurs de putréfaction et, aussi, des voitures dans le même état. Donc dans les lignes droites, l'un de nous 2 enfourchait le vélo et roulait jusqu'à ce que l'on voie à peine celui qui suit à pied. L'on doit déposer l'engin sur le bas-côté de telle sorte que le suivant arrive à sa hauteur et l'enfourche. Celui qui a déposé le cycle doit poursuivre à pied et ainsi de suite. La circulation était pratiquement inexistante, ce qui nous a obligé à faire des heures soit de marche ou de vélo.
Alors que nous étions ensemble, ENFIN, la chance nous a souri pour entendre derrière nous une vieille camionnette et aussitôt mon frère de me dire : "CACHE-TOI, PARCEQU'AVEC TA TENUE ON VA TE PRENDRE POUR UN TAULARD EVADE!". Comme quoi la chance m'a toujours souri, même en famille. MERCI MON FRERE!
Naturellement le frangin est monté à côté du chauffeur et moi de me camoufler dans la benne à 1'arrière et Jean d'avertir le conducteur que je prenais place derrière (suant même).
Ainsi nous sommes arrivés par ce moyen de locomotion à Laval pour être reçus et hébergés par un lointain parent médecin dont la femme est une "De Béraïl" je crois, sœur de Geneviève femme de mon frère Henri.
(Je crois) que ce médecin nous a ramené à Poitiers et après c'est pour moi le trou noir où il n'était plus question d'agriculture et, peut-être, me suis-je retrouvé pensionnaire pour n'obtenir aucun diplôme et c'est le devancement d'appel dans l'armée qui m'a, en quelque sorte sauvé pour m'éviter d'aller faire partie des S.D.F. Vous comprendrez pourquoi on ne me laissait pas la parole à table parce que je n'avais absolument, mais absolument rien à dire.

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